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Les secrets de l’entreprenariat avec Dieynaba Diop, gestionnaire de projet

On parle d’entreprenariat, un terme qui revient beaucoup sur l’actualité au Sénégal. Selon votre expérience, dans le contexte sénégalais, comment vous définissez l’entreprenariat ?

Pour moi, en matière d’entreprenariat, il n’y a pas de contexte sénégalais, européen ou américain…Entreprendre, c’est entreprendre, avoir un objectif, créer quelque chose de nouveau, se battre pour atteindre son objectif et avoir un plan. Entreprendre, c’est aussi avoir un état d’esprit très fort. Il faut également avoir le courage, l’abnégation et le savoir-faire. Je pense que sur ce plan, nous avons tous cette manière de penser et de réfléchir.

Aujourd’hui au Sénégal, quand on parle d’emploi et d’employabilité, beaucoup pense que la solution c’est l’entreprenariat, partagez-vous cet avis ?

Je pense qu’on est en retard. Néanmoins, je félicite le président de la République Macky Sall. Parce qu’à l’époque où nous sommes, nous savons que l’entreprenariat est un moyen pour permettre aux pays de se développer. Il a eu le leadership de créer ce qu’on appelle la Délégation à l’Entreprenariat Rapide (DER). Pour moi aujourd’hui, c’est un grand pas parce qu’avec la création de la DER, on peut profiter de cette institution pour changer la mentalité de la jeunesse sénégalaise. On est à l’ère de l’entreprenariat et nous sommes obligés d’entreprendre.

Si on se souvient 30 ou 40 ans en arrière, chaque jeune aspirait à devenir fonctionnaire, c’était même le rêve de tout parent de voir son fils ou sa fille travailler dans un bureau et autres. Mais aujourd’hui, les choses ont changé. C’est évident, ce n’est pas la peine de chercher de gauche à droite: soit on passe par l’entreprenariat pour réussir, soit on passe à autre chose et on sera dépendant. Aujourd’hui, tous les pays qui se sont développés, prenons l’exemple de la Chine où de l’inde, si ils en sont arrivés là, c’est parce qu’ils ont eu la manie d’entreprendre. Donc aujourd’hui, si on essaie de prendre ce chemin de l’entreprenariat, on pourra avancer rapidement par rapport au développement auquel on aspire.

Vous l’avez dit, l’entreprenariat est la solution. Depuis Abdoulaye Wade jusqu’à aujourd’hui avec Macky Sall, beaucoup d’institutions ont été mises en place dans ce sens notamment la DER, l’ANPEJ, le FONGIP etc. Comment appréciez-vous ces programmes de politique d’emploi ?

Chaque jour, j’entends les gens dire qu’il n’y aura jamais de solution pour l’employabilité des jeunes. Justement, depuis Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et sous Macky Sall, le problème persiste. Je pense qu’on doit apprendre des émeutes qui se sont passées au mois de mars dernier. Ça doit être un déclic. Pour moi, les grands peuples se sont développés parce qu’il y a eu un déclic qui s’est créé. Après les événements de mars, on a vu que le président Macky Sall a fait une alerte en disant qu’il va mettre de l’argent au niveau de la DER pour qu’on puisse entreprendre davantage. Il a su comprendre qu’en entreprenant, on pourra vraiment réussir aujourd’hui le challenge de l’employabilité des jeunes. Et je jure aujourd’hui que c’est seulement avec l’entreprenariat qu’on peut réussir. Je pense que les autres n’ont pas pu comprendre ce que signifie entreprenariat, comment le faire, quels sont les jalons à poser ; je pense que c’est ce qui a été le problème des échecs. On doit lancer un nouveau déclic sur l’entreprenariat, ce qui va nous permettre d’aller au fond de l’entreprenariat parce que, c’est avant tout un état d’esprit et tant qu’on n’a pas cet état d’esprit, on ne peut pas entreprendre. Je profite de l’occasion pour lancer un appel au président Macky Sall pour qu’il puisse faire des forums, des formations, une sensibilisation sur l’état d’esprit parce qu’aujourd’hui, c’est l’entreprenariat qui fait développer le monde.

Les Sénégalais fondent beaucoup d’espoir sur la DER qui doit financer les projets des jeunes, comment est-ce que vous appréciez ce programme social ?

Moi j’apprécie la DER comme structure parce qu’elle parle d’entreprenariat. Mais, je pense que il y a beaucoup de problèmes au niveau de la DER et de par les interviews que j’ai faites, vous avez dû constater qu’à chaque fois je parlais de l’approche de la DER auprès de la population sénégalaise. Au-delà de l’approche, je parlais des différentes phases que la DER utilisait pour financer les jeunes et la manière dont on gère les structures. Je vais faire un petit rappel par rapport à la DER. Comme je l’ai dit tantôt, à chaque fois qu’il y a problème, il faut essayer d’apprendre de ce problème. Quand il y a eu les émeutes de mars, en tant consultant en RH, j’ai essayé de faire des études. Personnellement, je ne connaissais pas la DER en réalité. Je connaissais la structure mais ses réalisations n’étaient pas visibles sur le terrain. En tant que membre de l’APR, c’était notre devoir de faire quelque chose pour aider le président de la République. C’est sur cette base qu’on a essayé en un laps de temps de faire une petite recherche sur la DER, comment elle marche et tout ça. D’après les études qu’on a faites, on a pu comprendre que la DER n’était pas visible, la majeure partie des Sénégalais ne la connaissent pas. En plus de cela, la manière dont elle finance les jeunes n’était pas appropriée pour nous. Par la suite, nous avons fait une sortie et on a établi quatre points. On avait parlé de la décentralisation d’abord. On a parlé des nano crédits parce qu’on ne pouvait pas accepter que la DER puisse être là sans faire du nano crédit sachant qu’elle est là pour la population et les jeunes. On avait aussi cité le fait que la DER puisse avoir sa propre plateforme pour avoir des statistiques et des informations sur les jeunes, afin de mieux prendre en charge leurs préoccupations en matière d’emploi ; et pour cela, je me suis dit que la DER devrait avoir des kiosques qui lui permettraient d’être plus près de la population. Par exemple, si moi je me lève pour emprunter 15 000 ou 20 000 F CFA à la DER, je puisse le faire. Alhamdu lillah, j’ai vu que quand j’ai parlé de décentralisation, une dizaine de jours après, le président de la République a fait une sortie pour décentraliser la DER dans les 45 départements et c’était un ouf de soulagement pour moi car mon message a été entendu.

Je me demande même s’ils ne m’ont pas plagiée. Parce qu’après la sortie du Président, la DER n’a rien fait à part occuper les médias.

Mais quand j’ai fait ma sortie parlant des nano crédits en donnant l’exemple des femmes qui sont dans le secteur de la pêche, j’ai vu que la DER a carrément fait la même chose parce qu’elle est allée directement dans les marchés pour voir les femmes qui sont dans ce secteur que j’ai donné en exemple. Il y a d’autres secteurs comme les marchands ambulants, les diplômés sans emploi, les gens qui n’ont pas de diplôme ni formation…

Pour vous dire qu’on a des programmes qui sont là et qui peuvent aider les jeunes.

Cependant, on oublie d’habitude les jeunes de la diaspora dans ces programmes-là. Les jeunes de la diaspora font partie de la jeunesse sénégalaise. Les jeunes qui sont dans les prisons aussi on doit les mettre dans ces programmes.

Aujourd’hui, moi qui voyage souvent, je prends l’exemple de l’Espagne où il y a trois catégories de jeunes. Il y a un jeune qui est parti pour immigrer et qui est parvenu à avoir de l’argent. Maintenant, il a envie de retourner au Sénégal pour aider sa famille et investir au pays. Mais aujourd’hui, s’il veut venir alors qu’il n’a pas d’orientation car, même pour construire une maison ici les immigrés rencontrent des difficultés, c’est compliqué pour lui. Une plateforme de la DER pourrait être une solution. Quand j’ai appelé la DER à cet effet, c’était pour qu’elle crée sa propre plateforme pour avoir davantage la proximité. Mais, j’ai vu qu’elle a signé un contrat avec FREE je pense. Et c’est pourtant simple la création de ces plateformes. J’ai d’ailleurs un petit frère qui en crée. Moi par exemple, j’ai gagné en Guinée Conakry le marché de fabrication des cartes numérique d’étudiants et je l’ai donné à un Sénégalais établi en France. On a tellement de jeunes qui sont compétents dans ce domaine. Pourquoi donc signer avec FREE ? Même si je n’ai rien contre FREE.

Je vais parler du cas spécifique des jeunes en prison. Aujourd’hui, on voit un jeune condamné à deux, trois, cinq ou même dix ans de prison. Nous voulons qu’il y ait un programme pour ces jeunes-là afin qu’on les aide dans leur réinsertion. Je pense que cette jeunesse carcérale peut être utilisée surtout pour gagner le pari de l’autosuffisance alimentaire. On peut les faire travailler tout en les surveillant, et en y mettant les moyens nécessaires. On va leur faciliter l’ouverture de comptes bancaires pour épargner leurs gains et une partie va revenir à l’Etat qui pourra financer d’autres jeunes porteurs de projets.

Il y a des formations faites dans les prisons mais ce n’est pas à grande pompe. Il faut faire le marketing de leur produits, faire de petites interviews avec eux, leur donner de la confiance en soi. Ainsi, quand ils sortiront de prison, ils auront de l’argent déjà disponible et pourront continuer à faire le travail sur lequel ils ont été formés en prison ou une autre activité.

Donc, je pense que le Sénégal a beaucoup de jeunes qui ont de la volonté et on a la possibilité de les aider. Ces 450 milliards que le Président a donnés à la DER, nous, on a la possibilité d’avoir le triple de ce montant avec nos investisseurs pour le mettre à la disposition de l’employabilité des jeunes ; peut-être les gens vont dire que le montant est élevé mais ce sont des réalités qui sont là. Si on a l’appui de l’Etat et leur encadrement, on peut trouver cet argent.

Lors des Conseils des ministres décentralisés, le ministre Amadou Hott avait parlé d’un million 500 000 jeunes qui n’ont fait ni d’études ni formation, c’est un vrai problème. Pour moi la solution pour ces jeunes, il y a des pays qui l’ont expérimentée et qui l’ont réussie à l’exemple de la Finlande, c’est la création de centres où on va former ces jeunes dans différents métiers pour une période bien déterminée et après cette formation, mes partenaires sont prêts à m’accompagner ; les jeunes seront même payés pendant la formation. Ça on l’a expérimenté en Gambie où on a formé des femmes en entreprenariat dans le domaine de l’agriculture et on les payait pour les motiver.

Le problème qu’on a au Sénégal, c’est le suivi et l’évaluation. Vous savez j’ai toujours critiqué la DER jusqu’à ce qu’on pense que j’ai des problèmes avec son directeur général mais je n’avais pas de problème avec lui. C’est que je suis entrepreneur depuis 17 ans et j’ai compris ce qu’est l’entreprenariat donc je me suis engagée très tôt.

Si je critique autant la DER, c’est pour que le président Macky Sall puisse atteindre son objectif. Parce que je ne peux pas être membre de la mouvance présidentielle, être entrepreneur, et rester dans mon coin sans rien faire.

Dans l’entreprenariat, il y a aussi la responsabilité de l’entrepreneur.

 Pensez-vous que les jeunes Sénégalais à qui sont destinés ces programmes-là ont la bonne posture face à cette situation de manque d’emploi et d’employabilité ?

Avant d’ouvrir cette parenthèse, je voudrais juste expliquer une petite chose. J’ai vu que quand j’ai parlé de nano crédit, la DER a commencé à le faire. C’est ce qu’elle devait faire dès le début de sa création au lieu de déposer l’argent dans les banques. Mais le directeur, c’est un économiste et non un entrepreneur, il ne connait donc rien de l’entreprenariat à mon avis, vue la manière dont il procède.

Aujourd’hui, même si la DER accepte ton projet, tu es obligé de passer par les banques. Par exemple, si j’ai un projet au niveau de l’agriculture, la banque agricole est là, pourquoi je vais aller à la DER  donc ? Et on te demande qu’il faut un projet, le Fongip est là ; je salue au passage Madame Thérèse Faye Diouf, moi je suis très contente de cette femme parcequ’elle fait un très bon travail.

Si j’ai un projet d’agriculture, je pourrais partir au Fongip prendre une garantie ou bien aller à la banque agricole, je leur présente mon projet comme tout Sénégalais lambda.

Mais est-ce que cela a réussi ?  Il faut un état d’esprit entrepreneurial.

La BNDE aussi est là pour les petites et moyennes entreprises. Où est le rôle de la DER dans tout ça, si elle fait la même chose que les banques ? La DER doit changer de stratégie. Ils font une conférence de presse en donnant des chiffres qu’ils n’ont pas faits.

Vous savez, à moi seule, j’ai pu financer plus de 1 200 femmes à Kaolack, avec mes propres fonds ; c’est quand Mariama Sarr était ministre de la Femme. Donc, je ne peux pas comprendre que la DER avec ses milliards, tienne une conférence de presse pour dire qu’elle a commencé les nano crédits et financé des femmes en donnant des chiffres qui sont faux. C’est impossible en nano crédit qu’on puisse démarrer en disant: voilà j’ai donné à des femmes entre 10 000 et 30 000 F CFA…

J’ai oublié les chiffres exacts mais quand j’ai entendu les montants, j’ai tout de suite compris que c’était faux. Mais quand la DER a commencé à se déplacer, faire du nono crédit, par exemple sa dernière sortie, j’ai apprécié cela par l’impact que le nano crédit a fait. Le directeur de la DER devrait être ému de voir que les nano crédits ont réussi.

Mais, il faut qu’il puisse être accompagné par des techniciens qui sont dans ce secteur pour mieux vulgariser le secret des nano crédits. En fait, il y a d’autres secrets qui se trouvent dans les nano crédits.

Quelle est la place de la formation dans l’entreprenariat ?

Pour moi la formation elle est capitale. Pour être formé en entreprenariat, je pense que la première chose c’est le changement de l’état d’esprit de la personne. Si on regarde l’exemple de tous les grands hommes qui ont réussi dans l’entreprenariat, certains ont réussi parce qu’ils ont été formés, d’autres parce qu’il y a eu un déclic dans leur vie, qui les a poussés à entreprendre. Tous les entrepreneurs qui ont réussi aujourd’hui, si on les interroge et qu’ils te disent la vérité, ils diront qu’il y a quelque chose qui a déclenché leur état d’esprit entrepreneurial. D’habitude, pour ne pas parler de moi, je prends l’exemple de Sadio Mané. Grace à lui, tout le monde connait son village natal Bambali. Regardez cet impact qu’un seul Sénégalais a fait sur la promotion d’un village. Et le déclic de Sadio Mané, c’est la maladie et le décès de son père. Sadio a pleuré les genoux à terre et a juré qu’il va faire le foot et doter son village Bambali d’un hôpital et d’une école. C’était son objectif et il l’a réussi et travers le déclic, il est reconnu aujourd’hui dans le monde. Pourquoi on ne peut pas avoir un Sadio Mané dans le secteur de l’élevage, ou de l’industrie, ou de la pêche… Tout ça doit cependant passer par la formation, on doit former les jeunes. Chaque personne à une particularité en lui, un don que Dieu lui a donné.

Sur ça, il y a le 3FPT qui fait un travail de formation des jeunes, ça ne suffit pas ?

Vous savez, ils font des formations mais pour moi pas en entreprenariat au vrai sens du terme.

Je ne vais pas arrêter de le répéter : l’entreprenariat, c’est un état d’esprit. Si aujourd’hui les jeunes pouvaient être formés sur le mindset entreprenarial, c’est eux-mêmes qui vont se soulever en masse pour développer le Sénégal parce qu’ils auront cet état d’esprit qui fera qu’ils pourront rester sur place.

Quelles sont les références en entreprenariat ?

Je dirais d’abord qu’on ne peut pas parler d’entreprenariat sans développer l’éducation financière. Si on prend par exemples 100 personnes qui veulent entreprendre, 80% ne vont pas réussir. Elles vont avoir des problèmes qui feront qu’elles vont arrêter. Regardez le cas de Jack Ma, il a dit qu’il a commencé avec 18 personnes et avec un ordinateur dans une chambre. 18 ans après, il emploie 18 millions de personnes à travers le monde avec des chiffres d’affaires énormes. Dangoté dit souvent que les jeunes d’aujourd’hui sont pressés et je suis d’accord avec lui. J’entends des gens parler d’entreprenariat rapide, je leur dis que l’entreprenariat n’est jamais rapide, c’est des étapes. On apprend, on entreprend, c’est un travail à long terme. Il faut savoir se relever de ses échecs jusqu’à atteindre ses objectifs.

La majorité des personnes qui entreprennent et qui ont réussi aujourd’hui, elles ont un point commun: elles n’entreprennent pas pour l’argent, elles sont amoureuses de leurs objectifs et se donnent les moyens de les atteindre.

Nous vous avons trouvée dans votre bureau avec une importante documentation comme ce livre ; est-ce à dire que l’entrepreneur a besoin de référence, de lire certaines personnes qui l’ont précédé pour réussir ?

On peut retourner dans notre religion pour nous rappeler de ce hadith du Prophète qui dit : «Chercher la connaissance jusqu’en Chine». Nous aimons la lecture et on continue de lire. Quand on demande aujourd’hui aux plus grands entrepreneurs du monde qu’est-ce qu’ils ont en commun, ils te diront la persévérance et la lecture. Parce qu’à chaque fois que tu lis, tu apprends quelque chose de nouveau. Beaucoup de gens n’ont pas atteint aujourd’hui leurs objectifs parce qu’ils n’étaient pas persévérants, ils ont abandonné en cours de route.

Le développement personnel, qu’est-ce que cela veut dire ?

C’est avoir l’attitude, le comportement, mieux comprendre en tant que personne et personnage qui tu es dans la société ; comment gérer la communauté et comment tu dois te gérer en tant que entrepreneur ; quels sont les atouts que tu as et ceux que tu n’as pas et que tu dois développer pour être un bon entrepreneur. Le développement personnel, c’est avoir confiance en soi, savoir que rien n’est impossible, qu’on peut tout réussir ; et c’est ce développent personnel qui permet à la personne de s’assumer et de mieux comprendre que rien n’est impossible.

On ne peut pas parler d’entreprenariat aussi sans parler de l’éducation financière. Parce qu’aujourd’hui, je peux me permettre de te donner de l’argent, un montant de 10 000 000 millions pour que tu entreprennes, mais si tu n’as pas reçu d’éducation financière, tu vas revenir avec zéro franc.

D’après votre expérience, quels sont les secteurs d’activités qui peuvent marcher pour quelqu’un qui veut se lancer dans l’entreprenariat ?

Il y a beaucoup de secteurs. Je pense même que nous n’avons encore rien fait au Sénégal en termes d’entreprenariat. Economiquement, tous ces pays qui se sont développés, ils ont commencé à être autonomes. Il y a des décennies en arrière on était plus à l’aise économiquement que certains pays. Mais ces derniers sont en train de se construire, de se développer et si vous regardez, ce ne sont pas les bureaucrates qui ont développé ces pays, mais plutôt les entrepreneurs. J

Je vous parlais tout à l’heure de l’inégalité qu’on est en train de constater dans le monde : les pauvres deviennent plus pauvres et les riches deviennent plus riches ; on a remarqué aussi d’après OXFAM, qu’il y a 2 226 personnes qui détiennent 60% de l’économie mondiale et ces 2 226 personnes-là, ce sont des entrepreneurs. D’où l’importance de l’entreprenariat.

Parlez-nous de votre expérience en entreprenariat

Récemment, il y a eu cette affaire d’ânes à travers un programme d’emploi d’un entrepreneur en collaboration avec le ministère de l’emploi ; j’en avais parlé sur mon compte Facebook et aujourd’hui j’ai l’occasion de le renouveler à travers votre antenne: le premier business que j’ai fait c’était à travers les ânes. J’avais des carrières de béton qui appartenaient à mon défunt mari. Quand les clients venaient acheter du béton, il y avait des charrettes qui étaient sur place pour le transport. Tu pouvais voir 10 à 15 charrettes stationner là-bas. J’ai fait un calcul et j’ai découvert qu’un charretier pouvait gagner jusqu’à plus de 20 000 F par jour s’il avait un client qui veut transporter une grande quantité de béton. Je me suis dit pourquoi ne pas m’engager dans ce business. J’ai commencé avec une seule charrette que j’ai obtenue difficilement. J’ai essayé de trouver 35 000 F CFA, à l’époque l’âne coutait ce prix-là. Moi c’est mon père qui a changé mon mindset quand j’étais jeune. J’ai démarré donc mon activité entrepreneurial avec les charrettes d’ânes. Avec une seule charrette, je commençais à avoir 20 000 par jour, 600 mille francs dans le mois et c’était devenu intéressant. Je me suis dit pourquoi pas ne pas acheter une autre charrette. Je me suis retrouvée par la suite avec 10 charrettes. Des fois si je n’avais pas des clients à la carrière, j’envoyais les charrettes faire d’autres activités.

En fin de compte, j’ai arrêté les charrettes pour commencer avec les camions qui travaillaient dans différents secteurs et finalement, j’ai pris l’activité de mon mari parce que je commençais à maîtriser le plus l’activité.

Votre dernier mot ?

Je vais terminer par lancer une alerte. Je demande à l’Etat de changer le programme scolaire.

Aujourd’hui, ce qu’on apprend à l’école jusqu’à l’université ne nous sert à rien du tout. La preuve est qu’aujourd’hui, comme j’aime le dire souvent, ce sont les hommes en pyjamas qui donnent du travail aux hommes en costume. C’est-à-dire, ce sont les entrepreneurs, les gens qui n’ont même pas parfois de bureau mais qui ont leur service, qui ont des activités génératrices de revenus, qui emploient aujourd’hui les comptables, les juristes, les hommes qui sont sortis des grandes écoles avec des Licences et Masters.

J’ai appris que le Rwanda a commencé à adopter le changement du programme scolaire pour qu’on puisse y mettre l’entreprenariat et d’autres activités. Je me souviens en 2018, quand le Royaume de Saint Pedro and Paolo m’avait mandatée pour que je représente le roi au Sénégal. Quand je suis venue et que j’ai rencontré le Premier ministre Mohammed Dionne, il m’a dit: Madame Diop comment tu as fait pour représenter ces pays et tout ça…?

Je lui ai dit que je suis en partenariat avec des privés et j’ai des contacts un peu partout dans le monde. Le roi a eu confiance en ma modeste personne et je suis venue apporter ma lettre de créance. J’avais rencontré Sidiki Kaba qui était ministre des Affaires étrangères à l’époque, c’est d’ailleurs à lui que la lettre a été adressée. Il m’avait sollicitée pour que je travaille avec eux. Je lui avais dit: Monsieur le Ministre, je suis prête à travailler avec vous mais moi je ne suis pas trop politique, je suis dans le développement

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